Généralement, on estime hautement les pensées. On observe le monde. On est en relation avec les autres, complétement conditionné par les pensées. Toutes sortes d'attractions/répulsions, toutes sortes d'émotions apparaissent. Nous nous attachons à ce que nous aimons, nous rejetons ce que nous n'aimons pas. Cela nous paraît tellement évident que nous ne remettons pas en question ce mode de fonctionnement de l'ego. C'est ainsi que nous transmigrons sans cesse: pas besoin d'attendre de mourir pour transmigrer. D'instant en instant, de jour en jour, nous fabriquons toutes sortes de mondes de transmigration, toujours entachés de souffrance. Soit on souffre directement, soit on craint de perdre la situation favorable dans laquelle on est. On est dépendant des causes et conditions qui font apparaître toute cette souffrance.

 

Zazen, c'est prendre conscience de ce processus. C'est observer tous nos conditionnements. C'est changer de regard, revenir à l'esprit d'avant l'attachement à tous ces conditionnements. C'est avoir l'esprit "un" avec la réalité telle qu'elle est, avant tout jugement, avant toute séparation entre ce que nous aimons ou pas, ce qui est juste ou faux.

 

Roland Yuno Rech

Le champ de la vacuité

Éditions Yuno Kusen, 2008.